vendredi 17 novembre 2017

L’adéquation formation-emploi en question dans les télécoms et le numérique.

Il n’est plus de doute pour personne, les technologies de l’information et de la communication sont entrain de changer radicalement le monde. Ce qu’il est convenu d’appeler désormais le numérique apporte  des changements jusque là inattendu dans  vie des populations du monde. L’évolution est vraiment exponentielle. Seulement, les africains tirent-ils  profit des dividendes de cette nouvelle économie pour améliorer leurs conditions de vie ?
Il semble que non … Avons-nous les compétences et les savoirs techniques pour suivre l’évolution numérique  et ne pas rater le train de la modernité ?  Les contenues et programmes de formation dans nos écoles, universités et centres de formation, répondent-ils  aux besoins des  économies en changement ? 
Là est toute la problématique  de l’adéquation formation-emploi qui est au cœur de plusieurs réflexions en Afrique et dans le monde.

L’Ecole dans sa forme actuelle est-elle  gage  ou garantie de carrière dans les télécoms et  dans le numérique ?
Le succès  et la réussite  dans la vie sont-il conditionnés par l’obtention d’un ou de plusieurs diplômes ?  Il serait très compliquer de répondre par l’affirmative, tant il est vrai que plusieurs  ont réussi  dans la vie et ont eu beaucoup de succès dans leurs activités sans jamais  avoir eu de diplôme. C’est simplement paradoxal me diriez-vous, mais c'est belle et bien la réalité en Afrique et particulièrement au Cameroun. Car d’un côté on voit des personnes sans grand diplômes réussir et de l’autre on en voit qui, même avec les diplômes des meilleures écoles du monde, n’arrivent pas à se frayer un chemin dans la vie. A qui la faute alors ?
On a vu fleurir ces dernières années au Cameroun, et dans plusieurs pays d'Afrique,  plusieurs écoles et institutions universitaires.   Et quand celle-ci brandisse les partenariats avec  quelques universités étrangères, c’est comme de la ruée vers une mine d’or ou de diamant : les parents  en  premiers affluent  pour disent-ils, trouver la meilleure formation académique pour leurs enfants. C'est simplement une "arnaque" bien orchestrée  et bien "huilée"
Un ami, étudiant en Master I des réseaux et télécoms  dans une institution d’enseignement supérieure au Cameroun, me confiais il n’y pas  très  longtemps de n’avoir jamais eu,  une séance de  Laboratoire ou de Travaux Pratiques pendant tout son cycle de Master. Et bien plus il se demandait même si l’école en question avait des ateliers pour les télécoms et réseaux…

Ici on se demande bien quelle genre et quel type de formation est dispensée aux étudiants. On pourrait même remettre en cause les contenus de formation et même, l’application du système LMD (Licence-Master-Doctorat) dans les filières technologiques en général et dans les télécommunications en particulier. Mon ami, me confie qu’après son Master, il va faire des Certifications et des formations pour rehausser son niveau de compétences et d’aptitudes dans l’expérience  d’ingénieur  en télécommunication.  C'est dire que les étudiants sont eux même conscient des insuffisances système  et savent bien que la formation qu'ils reçoivent est incomplète du fait du manque de séances de laboratoire pratique.

Vous comprenez bien que l’école  dans ce cas, peut être considéré comme un leurre. L'étudiant est d'une part  conscient que tous les cours théoriques qu’il prend à l’école sont  bien présent quelque part en ligne sur Internet.  Et d’autres part les promoteurs qui sont tout aussi conscient de la vacuité des formations qu'ils offrent et aussi du fait qu'ils  continuent de monter les enchères  de certaines formations,  en étant bien conscient que ces dernières sont loin de répondre aux besoins des entreprises et du marché de l’emploi. 

Il devient donc très compliquer d’évaluer un ingénieur ou un techniciens sur la base de son diplôme. L’expérience du terrain nous en dit long à ce sujet.
Pour nous, il serait urgent de repenser l’école dans la globalité. L’adéquation formation-emploi est un des problèmes de l’école. Mais le fond et la forme doivent être revu et corriger pour mieux répondre aux besoins de notre temps. Les universités de tutelles doivent être plus regardantes  dans l’application des programmes de formation dans les technologies innovantes. Et les promoteurs tout aussi, doivent  pouvoir  ne pas seulement se  contenter de construire de grandes bâtisses,  mais aussi et surtout recruter des enseignants compétences et leur donner des moyens pour mieux transmettre les savoir-faire et leurs savoir-devenir.  Ce n’est qu’à ces conditions que, nous pensons qu’il est possible de prétendre à une émergence en Afrique.
Mais de l’autre côté, il ne faut pas perdre de vu, qu’on peut être ingénieur sans diplôme et sans jamais avoir été dans une grande école. Nous en reparlerons dans un autre article.
Josselin M. YOUMBI
Ingénieur sans diplôme dans les télécoms et les énergies renouvelables

Consultant-Formateur dans les Grandes Ecoles d’Afrique