Comment monter les ordinateurs open sources en Afrique et démocratiser l’accès à l’outil numérique ?
L’explosion du marché du numérique en Afrique n’est plus à démontrer. Du simple Smartphone aux ordinateurs portable en passant
par les tablettes, le marché africain connais un grand boom. Et quelques
applications locaux font parler d’elles : c’est le cas du Mobile Banking, des Réseaux Sociaux Africain et des applications
tournée vers l’agriculture et même le tourisme. Mais ce qui est très frustrant c’est que ce marché profite plus à l’Asie, à l’Europe,
à l’Inde et très peu aux Africains. En d’autres termes les africains ne tirent pas
vraiment profit du numérique ou mieux ne profitent pas des dividendes des technologies de l’information et de la
communication. Nous sommes simplement des consommateurs et non des acteurs et producteurs du numérique. Il est donc question de savoir s’il
est possible de monter les ordinateurs « open
source » en Afrique afin de démocratiser l’accès à l’outil numérique. Si c’est
donc possible, comment le faire ? Si non pourquoi ce n’est pas possible…
Le numérique et les télécommunications nous introduisent dans un monde de possibilités et d’opportunités. Le numérique
est au centre de plusieurs controverses en Afrique et ailleurs. Il semble que les
collectivités locales et les politiques ne s’impliquent pas assez sur les
questions du numérique. Et on est très
étonné que les africains ne tirent pas grand profit de ces innovations
technologiques. Et pourquoi ?
Au cœur de cette question fondamentale il y a l’accès
au savoir, aux technologies et à l’information. Le simple manque d’informations est bien souvent la cause des
désastres en Afrique et même de catastrophes. Que ce soit sur le plan sanitaire, agricole, touristique et éducationnel. L’information semble être une denrée très rare
en Afrique. Pourtant l’Internet regorge d’innombrables informations à disposition de la planète tout entières. Nous avons là l’épineux problème de la
fracture numérique en Afrique. Quant aux savoirs et aux technologies, la passiveté des africains et spécifiquement
de la jeunesse est très étonnante. Presque personne ne veut
remuer le petit doigt pour oser créer et innover afin d’améliorer ses
conditions de vie. Et pourtant nous savons qu’il est possible de nos jours d’avoir accès à tout le savoir de l’humanité
simplement à partir d’une connexion
Internet. Et ainsi apprendre à faire
des choses et à réaliser des projets numériques aussi importants que le montage
et la configuration des ordinateurs localement.
L’impact et l’innovation des solutions open-source n’est plus à
démontrer. Nous avons découvert il y a quelques années les solutions open sources à base de Raspberry.
Le Raspberry Pi est un nano-Ordianteur mono-carte à Processeur ARM conçu par David Braben (créateur de jeux vidéo) dans la
cadre de sa Fondation. Ce nano-Ordinateur, gros comme un porte-monnaie est
destiné au départ à encourager l’apprentissage de la
programmation informatique sans avoir de très gros ordinateur. Il permet l’exécution de plusieurs systèmes d’exploitation libre GNU/Linux-Debian et d’une
grande variété de logiciels compatible.
Mais également avec les solutions open-source, Microsoft Windows :
Windows 10 IoT Core et Android.
Le système Raspberry est fourni nu (carte mère seule,
sans boîtier, ni alimentation, ni clavier, ni souris, ni écran). Et ceci dans l’objectif de réduire considérablement les coûts et permettre l’utilisation de matériel de récupération. Le prix de ce « bijou » est
dérisoire (environ 25.000F CFA) si on
considère toutes ses possibilités. Les premiers
exemplaires ont été mis en ventre en février 2012 et en 2016 on comptait plus de 10 millions de
Raspberry Pi vendus à travers le monde. De
multiples versions ont été développées. Alors
la grande innovation de ce système est le niveau de miniaturisation auquel la
technologie est arrivée. C’est simplement extraordinaire parce que petit bijoux vous
permet d’avoir un nano-ordinateur cadencé à 1Ghz (1 Giga Herz) et dépasse même certains
micro-ordinateur portable.
Le Raspberry est un ordinateur tout fait et il permet
de faire ce qu’on fait avec un ordinateur
au bureau, à la maison comme en entreprise. Il s’inspire du BBC Micro d’Acorn Computer (1981)
et est essentiellement destiné à encourager les jeunesses à la programmation.
Alors la question serai celle de savoir pourquoi les africains ne tirent-ils
pas profit de cette infrastructure miniaturisée qui permet de
concevoir, de monter et de configurer un
ordinateur qui soit, non seulement open
source, mais aussi et surtout à très faible consommation d’énergie. Ce qui
justement est propice pour les zones rurales africaines où l’énergie électrique est
encore un luxe. On pourrait donc monter des ordinateurs solaires pour l’Afrique.
Précisons ici que le Raspberry consomme à
peine 5 W et peut supporter plusieurs
applications. Les équipes de Linux
Friends (http://sokolo.cronopios.org/wordpressses/wordpress/?p=1742
) et de Cybervillage AFrica ( www.tic-africa.blogspot.com ) ont réalisé plusieurs applications avec
ce nano-Ordinateur : Du montage d’un système d’ordinateur complet, en passant
par le déploiement d’une bibliothèque numérique, d’un serveur de voix sur IP
pour la téléphonie rurale ou la téléphonie d’entreprise et même la conception
et la réalisation d’un routeur Wifi. Vous voyez et comprenez pas vous-même qu’il
est bel et bien possible non seulement de montrer les ordinateurs à faible
consommation d’énergie, mais aussi et surtout de démocratiser l’accès à l’outil
informatique en Afrique.
Et sa constitution technique alors ?
Il existe plusieurs modèle de Raspberry. Le 29 février 2016 pour le quartrième
anniversaire de la commercialisation du premier modèle, la Fondation Raspberry
Pi annonce la sortir du Raspberry Pi 3. Comparé u Pi 2, il est dispose d’un
processeur Broadcom BCM2837 64 bit à quartre cœurs ARM Cortex-A53 à 1,2 Ghz d’une
puce Wifi 802.11n et Bluetooth 4.1 intégrée. Il possède les mêmes dimensions et
connectiques que les anciens modèles. La vitesse d’horloge est 33% plus
rapidement que le Pi2, ce qui permet d’avoir un gain d’environ 50-60 % de
performance en mode 32 bit. Qu’est ce qu’on ne peut pas faire en Afrique avec
ce bijou ???
Le Modèle Zero : L’ordinateur
à moins de 5000 FCFA ( cinq mille francs
CFA)
Le 26 novembre 2015, la
Fondation Raspberry Pi annonce la sortie du Raspberry Pi Zero. Il reprend les
spécifications du modèle A/B avec un processeur cadensé à 1 Ghz au lieu de 700
Mhz, il est par contre plus petit, disposant d’une connectique minimale. Son
prix inférieur inimaginable et très inférieur par rapport aux modèles précédents :
un nano-ordinateur à moins de 5000 FCFA
( cinq mille francs CFA). Le 28 février 2017 le Raspberry Pi Zero W est sur le marché et
maintenant doté de Wi-Fi et de Bluetooth. Ces nouveautés lui permettent de se
connecter à Internet directement, et à d’autres appareils et donc d’en
multiplier les possibilités. Le Raspberry Pi Zero, lui n’avait pas de connexion
Internet et cela pouvait poser problème pour certains projets ( des objets
connectés par exemples). Voilà comment la
technologies avancent et les africains choisissent encore de rester en
marge de cette révolution numérique qui se construit.
La solution à base de Raspberry permet, vous le voyez
de réduire considérablement le coût de l’acquisition des ordinateurs. Et ainsi
chaque école, chaque mairie peut
désormais ouvrir et déployer les salles
informatiques afin de contribuer à l’émergence d’une nouvelle génération d’africains
qui innovent, qui créent et qui ne se contente pas d’utiliser le numérique, mais aussi de le penser et d’être
des producteurs dans la numérique en Afrique. On est très loin d’imaginer l’effet
de l’utilisation d’un ordinateur sur un enfant qui très tôt commence à utiliser l’outil informatique pour faire
ses propres recherches. Le Rwanda est un
cas très particulier où les enfants commencent à utiliser les tablettes à l’école
maternelle. En plus l’open source C'est-à-dire donc le code source est ouvert
offre plus de possibilités que les autres systèmes. Et plus
encore, capacité d’adapter le système
à son environnement et à son contexte. Avec les étudiants de la Faculté
du Génie Industriel de l’Université de Douala au Cameroun, nous avons pu monter de bout en bout des
ordinateurs à partir de Raspberry (https://tic-africa.blogspot.com/2018/02/la-10ieme-edition-de-la-semaine-de.html
). L’expérience était simplement mémorable. Parce que la découverte et l’innovation était au rendez-vous.
Voilà donc une
solution très pratique et opérationnelle que l’Afrique peut mettre en œuvre pour non seulement monter les ordinateurs
localement, mais aussi et surtout pour démocratiser l’accès à l’outil informatique et
spécifiquement l’accès à l’ordinateur.
La société civile devrait – en principe- être mise à contribution afin d’organiser des lobbyings
et des groupes de pressions pour pousser
les gouvernements à adopter les solutions open-sources et particulièrement le
Raspberry pour réduire la fracture
numérique en Afrique. Alors qu’est ce
que nous attendons pour monter les ordinateurs open-source en Afrique ? Nous
avons déjà lancé l’expérience à Limbé, à Bandjoun, à Bangoua et très
prochainement à Yaoundé au Cameroun pour non seulement réaliser le transfert de
technologie en la matière, mais aussi pour organiser les centres d’apprentissage
et de montage des ordinateurs open-sources au Cameroun. Nous pensons que c'est ainsi que nous devons aussi construire numériquement l'Afrique.
L’Equipe Cybervillage ( ticafrica2010@gmail.com )